Coucou les sérivores! Aujourd'hui, probablement le concept le plus difficile à mettre en place dans une session de jeu de rôle, en tout cas une avec des bouts de vieux rôlistes dedans; Le feel-good, le bien-être, le plaisir, ce genre de chose donc. J'avais déjà écris un article sur l'intégration de l'humour dans CàlT, ICI, mais la notion de feel-good, si elle se rattache bien souvent à la comédie, implique également des éléments de drama, et surtout, beaucoup de préparation en amont, pouvant aller jusqu'à amoindrir l'effet profond désiré, pour se contenter d'une apparence de feel-good. En clair, le bien-être, c'est compliqué!
Je prendrai comme exemple la série Ted Lasso, de Bill Lawrence, Jason Sudeikis - incarnant Ted Lasso - Brendan Hunt et Joe Kelly, diffusée sur Apple+ tv. J'avais d'ailleurs précédemment utilisé l'exemple de SCRUBS pour analyser l'humour dans les séries, il s'avère que c'est Bill Lawrence qui réalise également Ted Lasso, offrant de nombreux points communs, et une définition parfaite du feel-good.
Dans ce show, nous allons suivre toute une galerie de personnages regroupés dans un club de football anglais, l'AFC Richmond, et si certains et certaines parmi vous commencent à soupirer à l'idée de subir des visionnages de séquences footballistiques, elles sont bien là, mais pas du tout centrale, servant essentiellement d'interludes aux scènes majeures des épisodes. Je ne vais pas divulgâcher, car le plaisir doit rester entier, mais le thème du football est vraiment secondaire. D'ailleurs, pour celles et ceux n'aimant pas ce sport, je recommande vivement le visionnage de the English game, par Julian Fellowes. Eh oui, Monsieur Downton abbey Fellowes à proposé, sans surprise, une mini-série tout à fait incroyable sur le sujet.
Et donc, pouquoi est-ce si difficile de faire du feel-good le moteur de nos sérivers? Car tout doit être ciselé à la perfection. Dans Ted Lasso, le positivisme du personnage principal semble impossible à entamer, et rayonne sur tous les autres, acceptant le lâcher prise, et réagissant à ses excentricités dans des tirades vouées à devenir cultes. Mais tel le script que le casting aura dû assimiler, les participant.e.s d'une session avec du feel-good dedans devront également avoir au moins préparé entre eux quelques déclencheurs. Bien entendu, si vous êtes des rois et des reines de l'improvisation, pas de problème, mais autrement, pour qu'une tirade sensée déclencher une réaction émotionnelle fonctionne, il faudra l'avoir concoctée avec ses interlocuteurs et trices. Je pense que le plus intéressant dans cette approche, comme dans Ted Lasso, est que les personnages disposent tous d'une punchline personnelle, pouvant même se résumer à une expression faciale - le grognement de Roy Kent - et que les participant.e.s préparent également quelques échanges pour leurs protagonistes, comme nous le voyons avec ceux, plutôt surréalistes, entre Ted et le coach Beard.
On le voit dans le show, le personnage de Ted Lasso semble un peu trop. Trop positif, trop exubérant, mais finalement c'est bien ce modèle, confronté à des personnages plus ordinaires, par rapport à nous, qui transforme des actions loufoques en exemples positifs pour les autres. Préparer des punchlines et des échanges surréalistes engendrera une atmosphère équivalente dans un sérivers. Alors oui, il faudra répéter avant les sessions, pour que ces tirades incongrues deviennent naturelles. Mais je pense que la surprise des autres participant.e.s, assistant à de tels échanges, vaudra bien un peu de travail en amont.
Autre élément capital dans un tel show; Ted Lasso est très positif dans son approche de la vie et de son travail de coach, mais il est humain, ancré dans le réel. Cela se traduit par des séquences de souffrance émotionnelle, de doutes, mais également par ses incessantes références à une culture populaire américaine en décalage. Coach en Grande-Bretagne, on le perçoit souvent comme isolé, ce qui lui donne de la consistance, et explique pourquoi on l'aime tant. Comme un méchant ayant des sentiments - voir mon article sur les antagonistes pour ULUJ, ICI, les gentils dans un show feel-good ne sont pas des bouffons et doivent avoir des failles. Durant toute la saison 1, on voit le personnage de Rebecca se débattre entre ses motivations avouées, et la transformation qu'apporte en elle Ted Lasso. On voudrait la détester, mais ce n'est pas possible. Incarner de tels personnages demandera bien de petits efforts, car si un sérivers feel-good doit provoquer du bien-être et des sourires, il doit être en adéquation avec nos vies, ne serait-ce que partiellement. Nous souffrons avec les protagonistes de Sense8, des individus ordinaires plongés dans un monde étrange, tenant bon uniquement grâce à leurs partages émotionnels. Contrairement à une série comme Scrubs par exemple, une pure comédie ou les drames sont balayés d'un revers de main, le show feel-good se doit d'inculquer des valeurs positives aux personnages, même à travers le drama - surtout à travers le drama - l'exemple de Jamies Tartt, personnage insupportable durant toute la saison 1 de Ted Lasso, montre que pour certains, l'équivalent des antagonistes, la transformation feel-good prendra plus de temps, mais ici, lui aussi est un individu ancré dans le réel, avec ses souffrances, que le protagoniste parvient à comprendre, et à contourner.
Je vous recommande vivement le visionnage de Ted Lasso! Déjà car c'est une très bonne série, ayant gagnée des prix aux Golden globes, et surtout, car le pouvoir du feel-good y fonctionne à plein régime, et dieu sait que nous en avons toutes et tous besoin!
Découverte sur ton conseil, une excellente série, et en effet, faire des tirades comme les leurs doit être préparé.
RépondreSupprimerJ'ai en effet trouvée beaucoup de similitudes avec scrubs, tant mieux!
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