Bien trop souvent, en tant que metteur ou metteuse en scènes, nous allons chercher à élaborer des intrigues complexes, à nombreux tiroirs, avec des ressorts dramatiques puissants, en mesure de perturber nos participant.e.s. Et si cette démarche initiale est évidemment incontournable, il n'en reste pas moins que des éléments de comédie apportent toujours de précieux déclencheurs, guident le groupe vers des rebondissements inattendus, désamorcent des tensions... Pour les amplifier encore plus la scène suivante.
De ce que j'ai pu observer ces dernières années, jouer des personnages comiques, qu'ils soient loufoques ou plus simplement, ridicules, n'est pas si simple que cela. C'est cependant une erreur que de se passer du rôle de bouffon, même dans les sérivers les plus sombres, ce dernier amenant en effet une note dissonante, permettant aux participant.e.s de s'évader, même brièvement, de scènes trop intenses, ou d'employer à leur avantage ce qui peut très bien devenir un atout dans leurs petites affaires. Mes camarades de jeu, depuis quelques décennies maintenant, savent qu'ils et elles peuvent compter sur des rencontres de ce genre, et les utiliser à leur convenance.
Au cœur de sérivers comme celui de the IT crowd par exemple (voir l'article ICI), les éléments comiques donnent un rythme se devant rapide, guidant le groupe d'une scène à l'autre sans laisser le temps de reprendre son souffle. C'est le principe de la comédie; Enchaîner les séquences absurdes, pour maintenir le plus longtemps possible les participant.e.s dans un état de détente. Une telle technique ne s'improvise pas - sauf si vous êtes humoriste, éventuellement - elle nécessite de la rigueur et permet, soit de faire un break entre deux scènes dramatiques, soit au contrainte d'abaisser la vigilance du groupe pour repartir très fort sur une scène-clé puissante. Attentions aux ruptures, le dosage est primordial et surtout, la remontée comédie ↗ drame doit être maîtrisée par le metteur/ metteuse en scènes. Pour bien appréhender ce rythme particulier, que le tonton de chacun.e est persuadé de maîtriser lors des repas de famille, je vous recommande la lecture de Beating the story, par Robin D Laws (ICI). Un ouvrage qui décortique entre autre chose les changements de rythmes, les brisures et autres techniques narratives adaptées au et du 7ème art.
Le personnage absurde, pour sa part, est pour moi essentiel dans CàlT. Il permet de rassurer les participant.e.s sur le fait que le sérivers est un environnement compréhensible, abordable, et surtout qu'il leur est possible d'agir sur sa population. Principale porte vers l'interaction forte que je recherche, le bouffon détend l'atmosphère et permet au metteur/ metteuse en scènes d'offrir une prise de confiance plus rapide aux novices. Vous l'aurez compris, c'est à mes yeux l'outil le plus puissant dans les sessions-découvertes de Comme à la télé.
Attention cependant, le personnage absurde doit le rester jusqu'au bout. Ce n'est pas une sorte de Mulet machiavélique se dissimulant sous des traits anodins. Il faut en effet bien distinguer le bouffon du traître, qui appartient à l'aspect dramatique et peut en effet posséder plusieurs masques. Ici je mentionne plutôt un réel idiot, employé comme outil de mise en confiance, débloquant des situations autrement complexes. Employez le bouffon comme un traître, et vous perdrez sûrement la confiance des participant.e.s, pour une scène qui fera bien plaisir à vôtre égo tordu, mais qui vous compliquera la tâche sur le long terme.
Oh et aussi, inutile d'en faire un crétin décérébré. Un trait de caractère appuyé, comme une bigoterie excessive, ou une caricature trop évidente suffisent souvent à mettre en place parmi vos participant.e.s des schémas de raisonnements qui pourront vous être bien utiles! Un élément particulièrement important du personnage absurde est qu'il passe pour plus faible que nos braves héros et héroïnes. Il est donc facile de créer un attachement émotionnel, renforçant encore la prise des participant.e.s sur le sérivers, où ils et elles ont désormais des attaches... Mais pouvant également servir le metteur/ metteuse en scènes et sa propension aux drames.
C'est clair que cela ne doit pas être évident.
RépondreSupprimerCe doit être plus complexe que la dramaturgie.
RépondreSupprimerBons exemples, mais ça doit être chaud à mettre en place.
RépondreSupprimerDe bons conseils, en effet l'humour est difficile à placer en jdr!
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