Le Arrowverse, amours et crossovers!


Bon, gros morceau que ce Arrowverse, regroupant l'ensemble des séries de la chaîne CW, tirées d'une multitude de comic books de chez DC comics! On en pensera ce que l'on veut, mais ce regroupement de séries connectées offre l'un des plus vastes et riche sérivers connu, équivalent dans ce format du gargantuesque Marvel cinematic universe. Bon alors d'accord, c'est très mauvais, les personnages sont monolithiques, les scénarios toujours les mêmes, l'ensemble suinte de bons sentiments venant directement du service marketing, nous dirons pour être aimable que les effets spéciaux sont rapidement bouclés. Oui, tout cela est vrai. Malgré tout, le Arrowverse offre un très joli cas d'école pour nous pencher sur de nombreuses techniques scénaristiques, celle du crossover n'étant pas des moindres! 

Je ne vais pas vous faire l'historique du Arrowverse, qui logiquement démarre avec l'adaptation de Green arrow en 2012, rajoute Flash en 2014, Vixen en 2015, puis Legends of tomorrow, l'intégration de Supergirl, transférée de chez CBS, et l'arrivée de Batwoman. Bref, beaucoup de héros et héroïnes, beaucoup de saisons pour développer un univers excessivement riche, et une quantité conséquente de télévision à ingurgiter. Tout cela pour des résultats pour le moins mitigés, il est vrai, mais tant bien que mal, ces séries évoluent de manière assez classique, accumulant chacune des personnages, des arcs narratifs, ainsi que du fonds. Les crossovers sont annoncés longtemps en amont, afin de préparer les fans, ils s'appuient toujours sur des comic books ayant fait de grosses ventes, et s'amorcent à travers les cliffhangers des séries impliquées. Même si la qualité et l'ampleur de ces évènements restent très en-deça du matériau de base, évidemment pour des raisons budgétaires, ils n'en sont pas moins des pivots affectant généralement la trame de l'ensemble du Arrowverse, et offrent autant d'occasions de renforcer une certaine mythologie, très populaire aux US. Concrètement, malgré des traitements un peu légers, les crossovers du Arrowverse donnent vie à tous les grands arcs narratifs de ces dernières décennies, et même traité par CW, quelque chose comme Crisis on infinite earths résonne dans l'imaginaire de toutes et tous les fans de comic books.

Le panthéon DC à la sauce CW
Ok, avant d'aborder les crossovers du Arrowverse, deux ou trois mots concernant la transcription des héros et héroïnes mythiques de chez DC comics dans des séries clairement destinées aux teenagers. Avant tout, il y a des romances. Pleins. Tout le temps. Le dosage se doit d'être subtil, une belle histoire pleine de drames, de tensions et d'émotions pouvant rapidement basculer dans la plus absurde mièvrerie. Et j'avoue que dans le Arrowverse, la bascule est trop souvent faite. La faute, entre autre cause, à un rythme trop rapide. Le cahier des charges doit être excessivement difficile à gérer, les crossovers rassemblant les plus gros taux d'audience, il faut amener toutes les séries au même point à une période donnée, tout en donnant de la consistance aux différents protagonistes. Car oui, individuellement, les séries de CW se ressemblent toutes dans leur structure narrative, les épisodes se suivent et se ressemblent, mais il y a malgré cela des fulgurances passant pour honnêtes, des émotions poignantes rattrapant presque à elles seules des shows autrement sans grand intérêt. 
La formule des séries CW est bien rôdée, jouant sur le fan service avec des personnages ou des équipes mythiques, comme l'apparition de la Justice society of America ou des membres de la Légion. Le soufflet retombe généralement bien vite, mais il faut bien admettre que pour les passionné.e.s de l'univers DC, de telles annonces titillent la corde sensible. Je n'en ai clairement pas une très bonne opinion, mais il me faut admettre que la formule choisie par CW est bien raccord avec la tentative de DC de s'offrir la création d'un véritable panthéon mythologique sur grand écran. Les fameux crossovers permettent d'ailleurs de magnifier les personnages durant des arcs majeurs, et en ce sens, le Arrowverse réussi à nous présenter des moments épiques, des affrontements entre des êtres pratiquement divins, voir même quelques instants de tension dramatique tout à fait plaisant.
Ce côté dramatique, qui aurait dû caractériser DC dans ses tentatives cinématographiques, se dilue tristement dans de l'ordinaire chez CW, il faut cependant bien reconnaître qu'il est bien présent, donnant une raison de s'intéresser à son cas.



Le Crossover super-héroïque
Technique scénaristique impliquant la convergence d'arcs narratifs d'ordinaire sans lien, tournant autour d'antagonistes parfois adversaires, parfois parfaits étrangers, le crossover est depuis longtemps devenu une tradition dans l'univers des comic books, et se transpose ainsi très bien dans les sérivers, particulièrement ceux des amateurs et amatrices de slip par-dessus les vêtements. Oui, la série Defenders de Netflix/ Marvel est bien une tentative de crossover entre leurs héros et héroïnes, mais cet autre rassemblement de personnages s'est encore plus enlisé, scénaristiquement parlant, dans une sorte de marasme particulièrement désagréable, avec en prime une annulation de ses shows, pour cause de Disney.
Dans le Arrowverse, la notion de crossover a rapidement vue le jour, impliquant une rapide multiplication des personnages tirés des comic books, cela afin de pouvoir offrir un équivalent en terme d'envergure et de narration épique. Oui parce qu'un Crisis on infinite earths avec seulement Green arrow et Flash, c'est plutôt léger. L'arrivée des Legends of tomorrow libère d'ailleurs des moyens et accroches pour tenter des choses de plus en plus ambitieuses. Malgré des moyens limités, ou mal employés, le Arrowverse devient une énorme machine dont tous les arcs prévoient dès le départ de converger vers ces évènements marquant, qui ramèneront d'entre les morts personnages secondaires et méchants, bouleverseront la trame du Temps, et provoqueront ruptures ou réconciliations. Oui car je le rappelle, le Arrowverse est à 50% composé de romances compliquées, à 50% de fin du monde, et à 10% de choses épiques. La formule est servie par la majorité des chaînes continuant à proposer des saisons à rallonge de leurs séries, préférant la mobilisation de leur audience sur de longues périodes plutôt que sur des arcs plus courts, concentrant le drama et l'intensité. C'est regrettable, en particulier pour le genre super-héroïque qui tourne très vite en rond avec ses personnages monolithiques et l'unique solution à leur disposition; la bagarre. Mais encore une fois, le Arrowverse de CW a fait du crossover sa spécialité, amenant l'ensemble de ses castings vers des évènements cataclysmiques, à coup de grandes annonces et d'introduction de personnages mythiques provenant des pages de comic books. Oui, la chaîne dispose d'un vivier pratiquement illimité pour nourrir son vaste univers étendu, et sait parfaitement bien s'en servir, se permettant même de surfer sur les tendances, comme en ce qui concerne l'introduction de Batwoman. Le network aura d'ailleurs l'intelligence de ne pas commettre la même erreur que DC face au succès des films du MCU, cherchant à imiter sans succès une formule inadaptée à leurs héros et héroïnes. Le Arrowverse est souvent très kitch, mais possède son identité propre, avec ses versions de toutes les grandes figures mythologiques, comme Superman. Et aussi étonnant que cela puisse paraître, les crossovers cimentent ce vaste ensemble, le nourrissant de tensions dramatiques et de méchants tellement méchants!



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