The Wire [Sur écoute], l'arc socio-narratif

 

Coucou les sérivores! Au début des années 2000, HBO lance un show qui marquera les esprits durablement, The Wire, de David Simon, scénariste et producteur de Treme, the Deuce ou encore Show me a hero. Nous y suivrons durant cinq saisons les histoires entremêlées de plusieurs habitants de Baltimore, essentiellement des policiers, mais également des dealers et de simples citoyens. D'entrée de jeu, nous comprenons que l'histoire sera complexe, avec pleins de nuances de gris dans les moralités des uns et des autres. Ce sera d'ailleurs la marque de fabrique de David Simon, qui nous habituera bien vite à ne jamais montrer de héros américains flamboyants, mais plutôt des fonctionnaires corruptibles, faisant de leur mieux pour assurer des carrières bancales, mal payées, face à des jeunes malmenés, cherchant à trouver leur place dans un environnement complexe et délabré. 

Dans the Wire, nous découvrons donc un volet social omniprésent, se distinguant des autres séries policières par son ancrage dans une réalité complexe, au plus près de ce que nous connaissons. Pas de super flics ici, et au vue de l'époque, le début des années 2000, les bavures à la chaîne sont encore à venir et n'apparaissent que très peu. Il n'en reste pas moins que la violence de the Wire imprègne les existences de tous les protagonistes. Nous ne sommes pas dans the Shield, avec son centrage sur les personnages corrompus, sorte de anti-héros assez flamboyants, ici les policiers sont proches des dealers, simplement car ils vivent dans le même quartier.

J'ai précisé à plusieurs reprises la non-flamboyance des personnages dans the Wire, c'est sans compter sur Omar Little, joué par le défunt Michael K Williams, sorte de Zorro de la rue, avec une sorte de code d'honneur, et donnant souvent du rythme aux différents arcs de la série. Car oui, chaque saison nous fait découvrir un aspect différent de Baltimore, toujours avec des liens, mais également des problématiques ne se résolvant que bien rarement, car trop complexes. Nous découvrons ainsi la création d'un service de mises sur écoute, l'autre côté également, le port et ses syndicats, le système éducatif ou la presse. L'ensemble est un modèle du genre, une version massive et aboutie de ce que voudrait probablement nous montrer Ken Loach dans un film de soixante heures. 

Mais alors, comment amener tout cela dans CàlT? Bien entendu, nous parlons ici d'arc narratif, un enchaînement d'épisodes se suivant, et amenant un déroulé dans lequel les protagonistes pourront contribuer, ou rester simples spectateurs. La finalité n'en sera pas une amélioration, mais plutôt un statu quo, ou plus sûrement, un ensemble de compromis entre les gentils et les méchants, rôles qui se révèleront particulièrement flous et changeant. Pas de grandes scènes de poursuites sans conséquences dans un tel arc, les fusillades ne se font pas avec désinvoltures mais en se cachant au mieux, et conduisent toujours à des drames. 


L'arc socio-narratif sera en fait l'occasion de pointer du doigt des problématiques sociales, sans tabous et avec une approche la plus réaliste possible. Là où l'ambiance générale et à la négation des problèmes, leur effacement pur et simple de la grande Histoire, ce format peut devenir un outil pédagogique puissant, mais aussi douloureux, car oui, à un moment donné la violence d'un tel arc sera celle du quotidien, celle qui nous touche bien plus que toute celle de ces innombrables séries américaines vantant le héros américain et ses prouesses sans conséquences. 

Je m'arrête là pour cet article, mais si le sujet vous intéresse, j'ai un peu de matière à vous proposer en bonus. Je vous recommande en tout cas de découvrir the Wire - Sur écoute par chez nous - une série percutante et profonde. 


2 commentaires:

  1. Très souvent copiée, rarement égalée. Difficile d'inciter à faire jouer dans ce genre policier.

    RépondreSupprimer
  2. Je n'ai jamais eu le temps de regarder the Wire, mais ton idée semble intéressante.

    RépondreSupprimer